Le 26 décembre 2004, un terrible tsunami touchait l’Asie du Sud-Est. Huit mois plus tard, le Pakistan est touché par un séisme. Pourquoi n’assistons-nous pas au formidable élan de générosité de Noël, qui a suivi le tsunami ?
Le 8 octobre dernier, le Pakistan, voisin frontalier de l’Inde, est touché par un puissant séisme. Bilan provisoire, 48.000 morts, 67.000 blessés et plus de 3 millions de sans-abri. Dix jours après, seulement 37 millions de dollars ont pu être amassés à la suite de l’appel de fonds de l’ONU, sur les 312 millions de dollars demandés en faveur des victimes, alors que l’aide humanitaire avait atteint près de 12 milliards de dollars de promesses de dons (du jamais vu) pour l’Asie du sud-est.
Pourquoi cette différence de soutien, entre ces deux catastrophes ?
Tout d’abord, justement à cause de cette fameuse période de Noël. Le tsunami a frappé au moment où tout le monde, dans les chaumières, venait de fêter le réveillon de Noël. Aujourd’hui, le séisme frappe en octobre, mois où les Français commencent à payer leurs impôts, en attendant les autres (ah ! la fameuse redevance TV !). Le sentiment de fraternité et de générosité des fêtes de fin d’année, déjà très propice au soutien humanitaire (près de la moitié des dons récoltés par les ONG, le sont à cette période) n’a fait que renforcer la solidarité pour l’Asie du Sud-Est.
Le déferlement médiatique. Lors du tsunami, on a eu quotidiennement droit à un flot continu d’images. Personne n’a pu passer à côté de ce terrible drame. Une énorme couverture médiatique mondiale, que ne connaît pas le séisme du Pakistan, et dont n’a pas profité non plus le Darfour (Soudan), ni le Niger avant. Pourquoi ? Est-ce parce que, parmi les victimes du tsunami, on a compté un nombre important de touristes ? Ou est-ce parce que le Pakistan est constitué majoritairement de musulmans (perçus curieusement comme plus dangereux que les musulmans indonésiens), que les très mauvaises langues qualifieraient de futurs terroristes en puissance ? Car, qu’on le reconnaisse ou qu’on le nie, il y a fort à parier que cette idée reçue a traversé l’esprit de beaucoup de Français.
Enfin, dernière raison, et non des moindres, c’est le blues du donateur... Les fonds considérables recueillis après le tsunami n’ont cessé de créer la polémique dans le milieu associatif. Et pour cause : l’absence de coordination, et la multiplicité des initiatives différentes par les ONG (ah ! tous ces avions coincés sur la piste, parce que trop nombreux !), des millions bloqués sur des comptes ou des sicav, et pas encore utilisés. Et aussi les suspensions d’appels de dons, parce que trop nombreux, d’ACF ou MSF (ces derniers allant jusqu’à rembourser les donateurs), ou le peu de réalisations concrètes sur le terrain. Ceci n’est pas du goût du donateur, déjà très sollicité, qui devient extrêmement suspicieux quant à l’utilisation de son argent. Il est bel est bien fini, le temps où le Français donnait aveuglément pour la bonne cause...
Tout cela a pour conséquence que l’aide tarde à arriver au Pakistan. Tout laisse à penser que la précipitation de l’aide d’urgence en Asie du Sud-Est a laissé la place à l’attentisme. Espérons que cela permettra de mieux aider ceux qui en en ont besoin.